Cette population relique est issue du métissage de la population ovine bretonne avec des moutons flandrins arrivés avec leurs propriétaires pour poldériser certains secteurs de la Bretagne Sud au 18e siècle.
Désireux de maîtriser les techniques de conquête de la terre sur les zones humides, les Bretons s’en remettent donc au savoir-faire des travailleurs hollandais. Les hommes qui transmettent leurs savoirs ont fait la route, comme souvent à cette époque, avec leurs bêtes, les moutons flandrins.
Des croisements sont effectués avec le local mouton des Landes avec pour résultat le fameux mouton Belle-Île aussi appelé « race de deux » (les mises bas s’avèrent souvent gémellaires, la brebis peut donner naissance jusqu’à 5 agneaux en une seule mise bas).
Pourtant, l’agriculture bretonne évolue. Le mouton, principalement élevé pour sa laine et sa viande, occupe une place subalterne dans l’échelle de la domestication. La race fait les frais d’un modèle de productivité de masse. Comme bien souvent, cette évolution s’opère aux dépends des races rustiques et les troupeaux de moutons Belle-Île voient leurs chiffres fondre. On le croit tout bonnement disparu, mais le professeur Xavier Malher de l’École Vétérinaire de Nantes retrouve sur Belle-Île dans les années 80, quelques individus reliques de la race élevés en circuit fermé.
Depuis, le Conservatoire des Races Animales en Pays de Loire (CRAPAL) est mobilisé pour sauver l’espèce (ainsi qu’une vingtaine d’autres races), aidé par une cinquantaine d’élevages. Une action qui porte aujourd’hui ses fruits car pas moins de 700 femelles ont été recensées en 2016 sur l’ensemble de la Bretagne et évidemment toujours sur Belle-Île.
Comme son cousin le mouton des Landes, le Belle-Île présente une toison unie, majoritairement blanche. Ses oreilles sont longues et horizontales. Haute sur pied, la race a la particularité de présenter des mâles dépourvus de cornes.
De par sa position de race menacée d’extinction, le mouton Belle-Île est conservé parmi les vingt races anciennes visibles à l’écomusée. Comme tous les moutons, il est la star de l’animation « tonte » proposée tous les ans en mai/juin.