Dossier pédagogique – Le monde végétal à la Bintinais

L'écomusée propose de nombreuses animations regroupées selon les thématiques développées ci après :

Les espèces cultivées

L’Écomusée de la Bintinais est un conservatoire des variétés anciennes du pays de Rennes depuis 1989. Son rôle est de les préserver. Vous trouverez une grande diversité d’arbres fruitiers, en particulier des pommiers dans les
vergers (1 hectare), de céréales, de légumineuses, de plantes fourragères dans les parcelles (3 hectares) ainsi qu’un potager entretenu toute l’année.

Les pommiers :

Mentionnée dès le 14ème siècle en Bretagne, la pomme connait son âge d’or dans la région entre 1850 et 1950. Les pommiers poussaient alors en plein champ et sur les talus, partout où il y avait de la place. À la ferme de la Bintinais au 19ème siècle, on cultivait plus de 1.000 pommiers pour une production de de 90.000 à 130.000 litres de cidre selon les années. Cette production vendue dans les troquets rennais a largement contribué à faire la richesse de cette ferme.

Au début du 20ème siècle, on dénombre plus de 250 variétés de pommes dans le seul département d’Ille-et-Vilaine. Dans les années 1950, avec l’introduction des tracteurs et la recherche croissante de productivité, les agriculteurs déplantent les pommiers, incités par l’État qui distribue une prime à l’arrachage des pommiers. De plus, la consommation de cidre baisse au profit de celle du vin dans les campagnes bretonnes.

Conscientes que les variétés locales peuvent disparaitre, au profit de fruits calibrés en taille, en goût ou en couleur, les équipes de l’écomusée lancent dès 1989 une enquête de terrain pour retrouver 75 variétés locales. La greffe de ces pommiers donne naissance au premier verger conservatoire, un second est créé en 1992.

Aujourd’hui, l’écomusée conserve près de 120 variétés de pommes, chacune représentée par deux arbres pour en sécuriser la préservation.  La majorité sont des pommes « à cidre », sont conservées aussi quelques variétés de pommes « à couteau », celles que l’on mange en dessert ou que l’on cuisine, et celles que l’on appelle désormais les pommes « à deux fins ».

Les pommes des vergers de l’écomusée ne sont pas destinées à la vente, témoins d’un patrimoine local, elles sont utilisées dans le cadre des animations et démonstrations grand public. Le verger conservatoire s’engage dans un programme de recherche et de conservation avec la mise en ligne d’une base de données fruitières.

Les vergers conservatoires sont complétés de quelques variétés de poires et de cerises. Des blés anciens, du sarrasin, des betteraves ou des choux fourragers, des plantes textiles traditionnelles comme le lin et le chanvre poussent aussi dans les parcelles de l’écomusée et constituent un témoignage du passé agricole du pays de Rennes.

Les modes de cultures

À l’Écomusée de la Bintinais, le choix de certains modes de cultures est avant tout pédagogique. Ils permettent d’expliquer les évolutions de l’agriculture au début du 19ème siècle.

Lors du rachat de l’exploitation par la ville de Rennes en 1981, le paysage du site est bien différent d’aujourd’hui. Les haies avaient été abattues au fil du temps et il ne reste que d’immenses parcelles de céréales que le dernier exploitant produit pour nourrir son élevage de vaches à viande. C’est la monoculture : une seule culture sur un grand espace.

Aujourd’hui deux types d’assolements sont présentés au public : la jachère et la rotation des cultures.

La jachère :

La jachère fut utilisée en France jusqu’au début du 19ème siècle. Elle se pratiquait sur un cycle de 3 ans en Bretagne.

Mode d’emploi :

Cette pratique diminuait la surface de terres cultivables et donc la productivité des exploitations.

La rotation des cultures :

À partir de 1830, la découverte de nouvelles plantes fourragères (que l’on peut donner au bétail en guise de nourriture) marque une évolution dans les pratiques agricoles. Progressivement la pratique de la jachère est abandonnée au profit de d’une rotation des cultures sur un cycle de 6 à 7 ans.

Mode d’emploi :

 

 

L’utilisation des plantes fourragères permet le développement des troupeaux leur fournissant une nourriture fraiche et indispensable pour l’hiver. Le trèfle incarnat une fois fauché et séché peut également nourrir le bétail. Le cheptel ainsi mieux nourri, produira plus. C’est la polyculture-élevage.

Vers 1950, les agriculteurs se spécialisent dans une production essentiellement tournée vers l’élevage. L’introduction des engrais chimiques, des pesticides ou de nouvelles plantes fourragères rend inutile ce type de rotation des cultures.

Les plantes utilisées dans ce système de rotation des cultures sont présentées à l’écomusée de la Bintinais au sein d’un parcours situé dans un paysage typique du pays de Rennes : le bocage.

La haie bocagère

Histoire du bocage :

Le bocage est un paysage de petites parcelles séparées entre elles par des fossés et des talus sur lesquels sont plantées des haies. Appelée aussi « forêts en ligne », elles existent depuis la fin du Moyen-âge, et s’étoffent à partir du 17ème siècle. Jusque dans les années 1950, ce sont les agriculteurs qui les plantent et les entretiennent, les haies jouant ainsi un rôle de clôtures entre les parcelles. Les essences plantées sont choisies en fonction des besoins.

On plante :

Les haies servent aussi de réserve de nourriture. On consomme les châtaignes, les noisettes et l’on réserve les glands pour les cochons. On trouve également de nombreux arbustes avec des baies qui peuvent être consommées cuites : comme le cornouiller, sureau, viorne etc.

Au début du 20ème siècle commence le remembrement. Les talus sont arasés et les haies arrachées pour adapter le parcellaire et la topographie aux techniques et engins agricoles modernes : engins plus grands et plus lourds tels que grands tracteurs et moissonneuses batteuses.

L’objectif est de réduire les temps et coûts d’exploitation et ainsi faciliter et optimiser le travail de l’agriculteur en limitant ses déplacements. On regroupe alors des parcelles de faibles superficies ou trop dispersées pour être facilement exploitables.

Les avantages de la haie :

Dès les années 1970-80, les chercheurs s’aperçoivent que les haies ont de multiples avantages en plus de servir de magasin de bois et de nourriture à ciel ouvert.

Les strates de la haie, un abri pour la faune sauvage :

Les différentes strates de la haie, herbacée, arbustive et arborée, accueillent un très grand nombre d’animaux. Le talus est percé de terriers où vivent lapins, mulots, blaireaux et hérissons. De nombreux oiseaux comme les rouges-gorges, les mésanges, les pinsons nichent dans les arbustes alors que les plus grands arbres servent d’abris aux chouettes chevêches ou aux écureuils et chauves-souris. À chaque étage vit aussi un grand nombre d’insectes.

Tous ces animaux jouent un rôle dans le réseau alimentaire et la protection des cultures. La mésange, par exemple, consomme un grand nombre de chenilles de carpocapse. Ce papillon est un ennemi redoutable pour les pommiers car sa chenille dévore la pomme de l’intérieur. Les chauves-souris consomment elles aussi un grand nombre d’insectes, près de 3.000 chaque nuit. La chouette, zoophage (carnivore), dévore les petits rongeurs qui pourraient s’attaquer aux récoltes.

Les haies de la Bintinais 

Aujourd’hui, les haies font l’objet de mesures de protection. Elles sont recensées et leur destruction sans autorisation est interdite sous peine d’amende. À l’écomusée de la Bintinais, le paysage bocager d’autrefois a pu être récréé.

En partenariat avec des associations de protection de la nature comme la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux) ou Bretagne Vivante, l’écomusée mène une campagne visant à favoriser la biodiversité dans les haies. Près de 200 nichoirs et abris ont été installés sur l’ensemble du site pour abriter les animaux sauvages. Les produits phytosanitaires sont interdits afin de ne pas perturber les chaînes alimentaires, et une réflexion est en cours pour créer une prairie fleurie et une nouvelle mare qui abriteront et nourriront la faune sauvage.

La reproduction des végétaux : reproduction sexuée et asexuée

Les végétaux se reproduisent pour assurer la survie de leur espèce. Ils peuvent opter, selon les conditions environnementales, pour un mode de reproduction sexuée ou asexuée.

La reproduction sexuée :

La reproduction sexuée est celle que l’on retrouve chez les plantes à fleurs. Celles‑ci possèdent : 

Les structures productrices de pollen et d’ovules peuvent se développer ensemble au sein d’une seule fleur (pommiers, cerisiers etc.) ou séparément dans différentes fleurs de la même plante (maïs, tomates etc.)

Chez le pommier, la fécondation se fait d’une plante à l’autre. Il est indispensable d’avoir 2 fleurs de 2 plantes individuellement différentes (mais appartenant bien sûr à la même espèce) pour que se rencontrent les pollens et les ovules.

Pour 80% des végétaux, ce sont les insectes pollinisateurs qui assurent le rôle de la rencontre car les fleurs ne se déplacent pas ! Parmi ces insectes, on retrouve les abeilles et les papillons. Les graines quantà elles permettent la dissémination.

Cette reproduction non à l’identique permet le maintien d’une diversité génétique au sein des populations, car elle assure le brassage génétique.

La reproduction asexuée :

Lors de la reproduction asexuée ou multiplication végétative, un fragment évolue pour donner un individu complet.

La reproduction asexuée permet la multiplication rapide de la plante et la colonisation d’un milieu favorable. Les descendants sont génétiquement identiques à la plante mère, c’est un avantage utilisé par l’homme dans la production végétale après sélection d’un plant.

En agriculture, les hommes ont développé plusieurs techniques pour obtenir de nombreuses plantes (plus facilement, moins chères, plus productrices en fruits etc.)

La greffe des pommiers permet de conserver leur patrimoine génétique. L’écomusée organise chaque année des démonstrations de greffe de pommier.

En général le greffage se pratique en fente avec de l’argile et un chiffon. On coupe une tige de pommier poussée l’année précédente : le greffon. On le lie à un porte greffe robuste, un pommier que l’on a fait pousser à partir d’un pépin. L’arbre obtenu donnera les mêmes fruits que la plante mère à l’origine.