Vilaine une histoire d’eaux

1er décembre 2018 → 1er septembre 2019

Retour sur une expo "hors norme" qui a permis à ses visiteurs de redécouvrir le lien privilégié des habitants du pays de Rennes avec la Vilaine.

Le projet « Vilaine » repose sur une idée forte : la volonté offerte aux visiteurs de mieux connaître et comprendre ce patrimoine culturel et naturel exceptionnel autour de 3 grandes thématiques – l’économie, la biodiversité et les loisirs – afin de faire plus ample connaissance avec le 10e plus long fleuve de France et ses 224 kilomètres !

L’économie de la Vilaine 

Pour beaucoup, la Vilaine c’est un atout de poids sur le plan économique qui a façonné le pays de Rennes tel que nous le percevons aujourd’hui ! Considéré comme un simple vivier de pêche, d’abreuvoir à bétail ou d’activités de tannerie, la réalité est plus complexe. Ces activités ont bel et bien existé sur les abords du fleuve brétillien. La pêche en mer est au 16e sciècle encore bien peu développée. Les pêcheries du fleuve (saumons, anguilles, aloses) approvisionnent alors les habitants et sont acheminées par cette voie navigable !  

La Vilaine, c’est aussi sous l’Ancien Régime des moulins, acteurs de l’économie locale. Ces moulins transforment le grain en farine, battent les tissus, les cuirs et les peaux. Modernisés au 19e siècle, certains de ces témoins du passé du fleuve sont aujourd’hui toujours en activité (comme à Brécé ou Châteaubourg).

Activité oubliée mais très présente sur les bords du cours d’eau : le métier de lavandière. Ces spécialistes battent et lavent leur linge ou celui des familles aisées. Le développement de buanderies industrielles et l’essor de la machine individuelle au 20e siècle sonneront le glas de la profession.

La vallée de la Vilaine elle-même est une mine d’or. Bois, pierre, sable sont exploités par transport fluvial. Les carrières de la Vilaine seront mises à contribution pour reconstruire la ville après le grand incendie de 1720. Au 20e siècle, les gisements sableux, toujours exploités, sont mobilisés dans la fabrication du béton.

Les tanneries rennaises, particulièrement reconnues pour la qualité de leur cuir, contribuent à la richesse de la ville. Plusieurs édiles comme Edgard Le Bastard ou Eugène Pinaut sont issus de grandes familles de tanneurs. Polluantes, elles quittent le centre-ville en 1849 pour s’établir dans les faubourgs (actuels quartiers Saint-Hélier et Saint-Martin). 

"Vilaine" ? D'où vient un tel nom ? Croyance populaire ? Racine bretonne ? Non, une référence probable à la déesse gauloise Visegnognia transfomé en Visnaine jusqu'à la Vilaine contemporaine !

La Vilaine, un espace naturel

La Vilaine, c’est également tout un réseau de zones humides qui constitue un immense espace naturel propice à la biodiversité locale. Tout au long du fleuve, il n’est pas rare de croiser quelques espèces emblématiques d’un écosystème diversifié, oiseaux migrateurs sur les étangs, insectes dans les prairies inondables et rapaces et rossignols dans les boisements. 

Les analyses effectuées régulièrement montrent une qualité d’eau jugée satisfaisante. Une situation qui s’est améliorée depuis l’entrée en fonction de la nouvelle station d’épuration de Rennes en 1997.
Pourtant, si les taux d’azote, de phosphates et de nitrates sont considérés comme « bons », leur présence peut favoriser, lors des périodes de basses eaux ou de réchauffement climatique, l’apparition d’algues microscopiques nuisibles à la pêche ou à la baignade. 

Les carrières à béton également appelées « gravières » ont été exploitées jusque dans les années 2000. Depuis la fin de leur exploitation, elles constituent de nombreux petits étangs, utilisés comme refuges, particulièrement appréciés des oiseaux migrateurs.
Hérons cendrés, faucons hobereaux, hiboux moyens ducs, cormorans…nichent au fil de la Vilaine.

Dans ces milieux préservés, peu propices à l’agriculture et à la présence de l’Homme, ces zones constituent de précieux refuges pour de nombreuses espèces animales et végétales. Grenouille rousse, salamandre tachetée ou couleuvre à collier peuplent la Vilaine et ses abords.

50% des espèces d'oiseaux et 30% des espèces végétales remarquables en France dépendent des zones humides, leur préservation est un enjeu environnemental majeur !

La Vilaine : un espace de loisirs

Depuis quelques années, on perçoit une réelle envie des Rennaises et des Rennais de se réapproprier leur fleuve. Différents aménagements ont rendu cette volonté possible : terrasses du Vertugadin, entrainement au kayak vers Cesson-Sevigné, navigation sur la Vilaine en de petits canots électriques.
Pourtant, il est important de noter que ces pratiques « nouvelles » font écho à celles du passé ! Car oui, dans l’histoire, on constate que déjà, la Vilaine était perçue comme un lieu de loisirs où il était possible de se reconnecter avec la nature.

 

L’avènement de l’ère industrielle au 19e siècle pousse les citadins à s’échapper via des sorties bucoliques.  Le dimanche, c’est la grande époque des concours de pêche, des guinguettes et autres activités familiales le long des berges, aux portes de la ville !
L’essor des transports, du train et plus particulièrement de la ligne Rennes-Redon, permet aux travailleurs de profiter d’après-midis champêtres.
À Rennes, la mise en place du tramway propose aux habitants de sortir de la ville en quête d’un verre à l’Escargot ou pour louer une barque pour l’après-midi !

Dès 1867, la Société des Régates Rennaises impulse les premières manifestations sportives dans la ville. L’association vise à démocratiser les vertus du sport pour tous. Sur l’eau, courses de yoles et de skiffs côtoient les joutes ou les courses en baquets de lavandières. Les fêtes nautiques agitent la ville de jour comme de nuit créant un élan culturel et sportif toujours vivace aujourd’hui !

Et bien oui ! Au 19e siècle, au gué de Baud, en amont du pont de Strasbourg, à la Courbe de Bourg-des-Comptes, à la plage de Pléchâtel…on se baigne dans la Vilaine (malgré les industries locales qui y déversent leurs polluants). Aujourd’hui, la qualité de l’eau est bien meilleure qu’au début du 20e siècle, mais le fleuve reste un écosystème fragile extrêmement surveillé. 

La Vilaine aujourd’hui

Aujourd’hui, les Rennais souhaitent écrire une nouvelle page de leur histoire avec leur fleuve : aménagements des collectivités, « Année de la Vilaine », création de jardins flottants décidée en concertation grâce au budget participatif, projets de création de plages, plateforme de création artistique au domaine de Tizé, spectacles des Tombées de la Nuit aux étangs d’Apigné, péniche-spectacle en itinérance le long du fleuve, transformation des chemins de halage en voies vertes, navigation fluviale en pénichettes, clubs d’aviron…
En somme une page à écrire ou à rêver à la lumière de son histoire, de ses spécificités géographiques tout en étant garant de ce patrimoine naturel unique.

Pratique

Accès à l’expo

Vilaine une histoire d’eaux
Exposition temporaire 2018 à l’Écomusée de la Bintinais.
a été présentée du 1er décembre 2018 au 1er septembre 2019.

Allez plus loin

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Une publication : Vilaine une histoire d’eaux est disponible

> en vente à l’accueil de l’écomusée,

> auprès des enseignes et sites de vente en ligne spécialisés. 

Presse

Contact : pôle communication Écomusée de la Bintinais
> Eloïse Jolly – 02 99 51 36 94 ou el.jolly@rennesmetropole.fr